La Chandeleur à Rome

Aujourd’hui c’est la fête de la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem, qui a lieu quarante jours après sa naissance. On appelle parfois aussi cette fête, la Purification de la Vierge Marie car il était d’usage que les nouvelles mères se présentent au temple pour être purifiées rituellement. On donne aussi à cette fête le nom de la Chandeleur du nom des chandelles qui sont traditionnelles bénies en cette occasion.

Mosaïques byzantines dans la chapelle de saint Zénon dans l’église Sainte-Praxède.

À Rome, le début du mois de février était déjà associé à des fêtes polythéistes de purification comme les Lupercales et les Feralia avant l’arrivée de la foi juive et chrétienne. La purification et la lumière sont des réalités voisines et se retrouvent par exemple dans tous les dérivés du verbe latin lustro qui signifie à la fois « purifier par un sacrifice », « examiner » et « éclairer » (cf. les termes « lustrer » et « lustre »). 

Février marquait aussi la fin de l’année romaine qui commençait en mars. Pour les anciens Romains cette saison annonçait un renouveau, le retour de la lumière et de la fécondité. Les fêtes des Lupercales qui étaient commémorées à ce moment-là rappelaient le sauvetage de Romulus et Rémus par une louve après qu’ils ont été livrés aux eaux du Tibre en crue. Pour les anciens Romains, ce sauvetage inattendu du futur fondateur de Rome et de son frère témoignait de la faveur divine qu’avait reçu leur Cité. Dans le retour du printemps, de la lumière et de la fécondité, dans ce sauvetage de leur fondateur, ils voyaient la providence céleste à l’œuvre et la célébraient.

File:Speculum Romanae Magnificentiae- Romulus and Remus MET DP870233.jpg
Gravure de la statue de la louve romaine à laquelle a été les figures de Romulus et Rémus à la Renaissance.

Lorsque le 2 février 494 le Pape Gélase Ier organise une procession aux flambeaux dans la Ville pour commémorer la présentation au temple de Jésus, les Romains sont invités à relire l’histoire de leur fondation, leur propre histoire, à la lumière de ce salut annoncée par Siméon cet honorable vieillard qui, en recevant le bébé Jesus dans le temple, déclare :

Maintenant, ô Maître souverain,

tu peux laisser ton serviteur s’en aller

en paix, selon ta parole.

Car mes yeux ont vu le salut

que tu préparais à la face des peuples :

lumière qui se révèle aux nations

et donne gloire à ton peuple Israël.

En cette fête, à Rome ou ailleurs, Romains anciens ou nouveaux, de sang ou de cœur, sont invités à relire leur histoire nationale, l’histoire de leurs origines quelles qu’elles soient à la lumière de la venue du Christ dans ce monde. Comme la longue vie d’attente de Siméon, comme l’histoire de la fête des Lupercales, notre histoire personnelle et communautaire n’est pas annulée par la promesse divine réalisée en Jesus-Christ : c’est en ces histoires que Dieu a trouvé de quoi entrer dans les cœurs des Romains et les nôtres aujourd’hui. Célébrer la présentation au Temple de Jésus qui, n’étant pas sous la loi a pourtant obéi à la loi, nous invite à aller au-delà de nos propres origines, de nos propres limitations, de nos préjugés et notre esprit de clocher. Le cantique de Siméon nous fait contempler notre propre vie, notre histoire et nos attentes mais nous rappelle que notre identité véritable est au devant de nous, dans la gloire de Jesus-Christ et de ses saints qui se révèle au monde, plus que dans nos exploits ou nos épreuves passés.

Jésus Christ en gloire entouré de sainte Prudentienne, saint Paul, saint Pierre, sainte Praxède et de toute sa cour céleste, mosaïque de l’église Sainte-Praxède.

Lors de la fête de la présentation de Jésus au Temple on ne célèbre pas les fondateurs d’une Ville au pouvoir impérial mais les premières lueurs d’un complet renversement des règles de ce monde. Un monde où ce ne sont pas les empires, les hégémonies, les cultures, les races, les langues ou les identités quelles qu’elles soient qui nous définissent, nous rassemblent ou nous séparent mais Jésus-Christ lui-même qui est :

Ressource des petits,

Lumière des Gentils,

Et d’Israel la gloire.

En France la tradition veut qu’on mange des crêpes pour la Chandeleur. J’ai trouvé non loin de l’église une crêperie bretonne où j’ai déjeuné ce midi. Sur la photo une galette de blé soir complète.

Une réponse sur “La Chandeleur à Rome”

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