Mercredi des cendres

Le Père Austin m’a proposé de prêcher pour le Mercredi des cendres. Vous trouverez-ci dessous une traduction en français.

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Peut-être êtes-vous un peu anxieux en ce début de Carême. On pense souvent au Carême comme au temps liturgique pendant lequel on est censé examiner de plus près nos péchés pour essayer de comprendre leurs origines et même leurs trajectoires catastrophiques si on ne fait pas amende honorable. Au début du Carême, vous pensez peut-être à vos addictions, aux mêmes erreurs que vous continuez de commettre ou à vos erreurs passées. Pourquoi suis-je si infidèle, inattentif, têtu ? Vous pensez peut-être aussi aux péchés dans lesquels nous sommes tous impliqués et qui se dressent devant nos yeux : l’effondrement écologique actuel, l’infidélité de l’Église, la détérioration des injustices sociales, les dangers de la guerre et de la division. Nous préférons fuir ou nous distraire que d’ajouter le désespoir au désespoir en y réfléchissant.

Le temps du Carême est certainement un temps difficile. Mais pas pour les raisons que je viens d’évoquer. Les attitudes que je viens d’évoquer ont peu à voir avec l’esprit du Carême. Pourquoi ? Parce que lorsque je parlais du péché, j’en parlais d’un point de vue humain ; et le péché vu seulement à travers des yeux humains n’est pas notre affaire ! Dans tout ce que j’ai dit, et dans toutes ces choses dans lesquelles vous vous êtes peut-être reconnus, et moi aussi, nous avons négligé la présence et l’action de Dieu. Notre esprit est tout à fait capable de prendre conscience de nos péchés, mais cette introspection nous est inutile — et même dangereuse ! — si nous ne regardons pas ces péchés, et nous-mêmes en tant que pécheurs, avec le regard aimant de Jésus. Nous sommes très bons pour lutter contre nos péchés, mais très mauvais pour les voir à travers les yeux de Dieu. Si cela est vrai, c’est parce que l’amour de Dieu dépasse toute intelligence humaine, comme vient de nous le dire le Psalmiste :

Mais autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre,

Autant sa bonté est grande pour ceux qui le craignent;

Autant l’orient est éloigné de l’occident,

Autant il éloigne de nous nos transgressions.

Il est impossible à notre entendement humain de comprendre la miséricorde que Dieu nous offre, tout comme il est très difficile de voir que notre Maître en ce temps de Carême n’est pas étranger à nos péchés, nos fautes et nos compromissions. Nous sommes tellement convaincus que la perfection de Dieu nous rejette qu’il nous est difficile de les regarder avec les yeux de celui qui les connu dans sa propre chair.  Entrer en relation avec Jésus-Christ est cependant notre seul espoir et notre seul chemin à travers cette saison de Carême. Car « le Père a fait que celui qui n’a pas connu le péché soit fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui » . Jésus-Christ est allé plus bas dans notre désespoir et nos péchés que nous ne pourrons jamais aller. Il a combattu de pires batailles et les a remportées. Rappelez-vous ceci quand vous vous sentez abattus, quand vous réfléchissez à vos péchés ou aux péchés de notre humanité : Christ a toujours été plus bas. Alors que nous entrons dans ce temps de Carême, nous sommes appelés à la foi : nous sommes appelés à faire l’expérience qu’il n’y a aucune souffrance, aucune douleur, aucun doute, qu’il n’ait pas assisté et guéri par ses caresses.

De fait, le principal danger du Carême, et peut-être de toute vie chrétienne, n’est pas péché. Cela fait partie de notre nature humaine. Le reconnaître signifie que nous reconnaissons que nous sommes des fils et des filles de Dieu qui ont besoin de grandir dans la pleine stature de Christ. Le principal danger de toute vie chrétienne est de s’appropier nos péchés ; c’est croire qu’ils nous appartiennent en propre et ne dépendent que de nous. S’approprier nos péchés est tout aussi fautif que s’approprier nos bonnes actions. Ce sont les deux faces d’une même pièce. Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui a un avertissement très fort contre ce que nous appelons l’hypocrisie. L’hypocrisie arrive lorsque quelque chose est fait pour le bénéfice social ou narcissique qu’on en tire, plutôt que par pure obéissance au commandement de Dieu. Nous donnons l’impression que nous donnons, mais en réalité nous donnons peu pour gagner plus pour nous-mêmes. Lorsque nous faisons cela, nous cachons le fait que nous espérons gagner quelque chose. Pendant le Carême, nous devons être conscients que cela se produit également avec nos fautes ou nos péchés. Ce ne sont pas seulement les bonnes actions qui alimentent notre désir d’acquérir du prestige, du pouvoir et une supériorité morale. Par ces attitudes, nous essayons de nous sauver nous-mêmes, d’établir notre propre nom et réputation, parfois même notre propre église, en laissant Dieu hors-champ.

Ce qui est si triste dans notre fascination et notre attachement aux péchés, c’est que si vous ne laissez pas le Christ les prendre, ils pourriront près de vous et rendra tout le monde malade à l’entour. Les péchés non pardonnés rendent nos sociétés malades ; ils nous font soupçonner le péché là où il n’y a pas de péché. Les péchés non remis détruisent la vraie joie et la vraie liberté. Ils contaminent d’autres domaines de notre vie avec leur sournoiserie. Nous finissons par nous mesurer nous-mêmes et les autres de la mesure des choses, des puissances et des créatures de ce monde, au lieu de nous mesurer par rapport à l’amour infini et dynamique de Dieu.

Si nous faisons de nos péchés ou de nos bonnes actions notre trésor, si nous les collectons, les classons ou les publions, nous mettrons notre cœur dans nos actions, qu’elles soient « bonnes ou mauvaises ». Nous faisons notre trésor ce que nous faisons, et nos cœurs ne battront plus pour le Créateur de tous et le Rédempteur de tous. La réalité est que rien de ce que nous avons et rien de ce que nous faisons ne nous appartient, et il en va de même pour nos péchés. Ils appartiennent à Jésus-Christ, et si nous ne le laissons pas les prendre, nous nous opposons en fait à l’amour de Dieu. « Dieu », comme le souligne Maurice Zundel , un prêtre suisse, « ne peut pas régner en nous sans nous, car Dieu est amour et l’amour ne peut être reçu que par l’amour ».

Comment donner quelque chose à quelqu’un ? En venant à lui ! On lui parle, on se présente, et petit à petit on voit une intimité naître et on donne ce qu’on a envie de donner. Et si vous avez beaucoup à donner, restez simplement plus longtemps ! C’est pareil avec les péchés que nous voulons donner à Jésus-Christ, nous pouvons nous approcher de lui et les lui présenter, simplement, avec humilité. Et quand nous sentirons ses yeux nous regarder, nous nous rendrons compte qu’il ne veut pas tant nos péchés qu’il nous veut nous-mêmes. Il veut se donner entièrement à nous. De ce côté de la Croix, nos péchés ne sont qu’un prétexte, une occasion de l’approcher, d’être marqués de son signe et reçus dans son corps. Donnez-lui vos péchés dans la prière et dans le silence, dans tout ce que vous faites ou manquez de faire : il les mettra de côté et vous regardera car il vous aime plus que tout ce que vous pourrez lui offrir. Il se donnera à vous. Et entre vos mains; ces mêmes mains qui s’accrochaient à vos péchés, il viendra se loger pour que vous grandissiez à sa ressemblance.

Ash Wednesday

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Fr Austin offered me to preach for Ash Wednesday. You’ll find below the text of the sermon in English and in Spanish.

Ash Wednesday

Isaiah 58:1-12

Psalm 103 

2 Corinthians 5:20b-6:10

Matthew 6:1-6,16-21

You are maybe a bit anxious as the season of Lent begins. We often think that Lent is the liturgical season during which we are supposed to have a closer look at our sins to try to understand their origins and future catastrophic trajectories if we don’t fix them. As lent begins you might be thinking of your addictions, the same mistakes you keep doing, or your past mistakes. Why am I so unfaithful, inattentive, stubborn? You may also be considering our communal sins, which are very big in our eyes: the present ecological collapse, the faithlessness of the church, the worsening social injustice, the dangers of war and division. We’d rather flee or get distracted than add despair to despair by reflecting on it.

The season of Lent is a very challenging one indeed. But not for the reasons I just mentioned. The attitudes I just mentioned have little to do with the spirit of Lent. Why? Because I told you about sin, about sin from a human perspective, and sin seen by human eyes is none of our business!  In all what I have said, and in which you may have recognized yourself —and I often do as well—God’s action and presence has been overlooked. Our human minds are very capable to be aware of our sins, but it is of no need for us—and even a danger! — if we don’t look at them, and at ourselves sinners, with Jesus’s loving look. We are very good at wrestling with our sins but very bad at seeing them with God’s eyes. If it is so it is probably because his love surpasses all human understanding as the Psalmist just told us:

For as the heavens are high above the earth, *

so is his mercy great upon those who fear him.

As far as the east is from the west, *

so far has he removed our sins from us.

It is impossible for our human understanding to figure out God’s mercy for us, just as it is very difficult to see that our Teacher in this season of Lent is not foreign to our sins, our shortcomings, our compromission. We’re so convinced that God’s perfection rejects us that it is difficult for us to look at our sins with Christ’s eyes, which means looking at them with the eyes of the one who has born them in his flesh. Jesus Christ is however our only hope, and our only method in this season of Lent. Because “for our sake the Father made him to be sin who knew no sin, so that in him we might become the righteousness of God.” Jesus Christ went further down in our despair and our sins that we could ever go, he fought worse battles and overcame them. Remember that when you feel very low, when you consider your sin or the sins of our humanity. Christ has been lower. As we enter this season of Lent, we are called to faith: we are called to experience that there is no suffering, no pain, no doubt that he hasn’t attended and healed by his loving touch.

In fact, the main danger of the season of Lent, and of all Christian life is not to sin. This is part of our human nature, and acknowledging it means that we recognize that we are children of God who need to grow in Christ full stature. The main danger of all Christian life is to make our sins our own, it is believing that they pertain or belong to us. Indeed, owning our sins is as sinful as owning our good works. Both are the sides of the same coin. Jesus in today’s Gospel has a very strong warning against what we call hypocrisy. Hypocrisy happens when something is done for the sake of the social or narcissist benefit gained from it, rather than out of pure obedience to God’s command. We give the impression that we are giving but we actually give little in order to gain more for ourselves. Doing so we are hiding that we want to gain something. In Lent, we must be aware that this also happens with our faults or sins. Not only good works and good stuff feed into our desire to gain prestige, power, and pseudo-righteousness. By these attitudes we try to save ourselves, to build up our own name and reputation, even sometimes our own church, without God. What is utterly sad with fascination with sin and clinging to it, is that if you don’t let Christ take them away from you, they’ll rot close to you and make everybody sick. Unremitted sins make our societies sick; they make us suspicious of sin where there is no sin, they destroy true joy and true freedom, and they contaminate with their crookedness other domains of our lives. We end up measuring ourselves and others against stuff, powers, and creatures of this world, and not with God’s infinite and dynamic love. 

If we make our treasure of our sins or our good works, if we collect, classify, or publish them we’ll put our hearts in our actions, be them “good or bad”. We’ll make our treasure of what we do, and our hearts won’t beat for the Maker of all and the redeemer of all.  The reality is that nothing that we have or do belongs to us, and it is also true for our sins. They belong to Jesus Christ, and if we don’t let him take them, we are actually opposing God’s will, we are rejecting the Messiah, we are barring the stream of his love. This is so because “God”, as Maurice Zundel, a Swiss priest puts it, “cannot reign in us without us, because God is love and love can only be received through love.”

How do you give something to someone? You come to them! you speak to them, you introduce yourself to them, little by little you let intimacy arise and you give what you want to give. And if you have a lot to give, you just stay longer! So is it with the sins we want to give to Jesus Christ, we can come closer to him and present them to him, simply, humbly. And in his eyes looking at us we’ll realize that he doesn’t want our sins so much as he wants us and to give himself fully to us. Our sins are but a pretext, an occasion to be drawn closer to him, to be marked by his sign and received in his body. Give your sins to him in prayer and in silence, in everything you do or have left undone: he’ll put them aside and he’ll look at you because he loves you more than anything you can offer. He will give himself to you. And in your hands, that used to clutch to our sins, he’ll come to rest in you, so that you grow in his likeness.

En español

Tal vez esté un poco ansioso por el comienzo de la temporada de Cuaresma. A menudo pensamos que la Cuaresma es la temporada litúrgica durante la cual se supone que debemos mirar más de cerca nuestros pecados para tratar de comprender sus orígenes e incluso sus futuras trayectorias catastróficas si no los reparamos. A medida que comienza la Cuaresma, es posible que estén pensando en sus adicciones, los mismos errores que siguen cometiendo o sus errores del pasado. ¿Por qué soy tan infiel, desatento, terco? También puede estar considerando los pecados en los que todos estamos involucrados, que se parecen grandes sobre nuestros ojos: el actual colapso ecológico, la infidelidad de la Iglesia, el deterioro de la injusticia social, los peligros de la guerra y la división. Preferimos huir o distraernos que sumar desesperación a la desesperación reflexionando sobre ellos.

La temporada de Cuaresma es ciertamente muy desafiante. Pero no por las razones que acabo de mencionar. Las actitudes que acabo de mencionar tienen poco que ver con el espíritu de Cuaresma. ¿Por qué? Porque cuando estaba hablando del pecado, lo estaba hablando desde una perspectiva humana; ¡y el pecado solo visto a través de ojos humanos no es asunto nuestro! En todo lo que he dicho, y en aquellas cosas que habrás reconocido en ustedes —como muchas veces lo hago en mí mismo— hemos pasado por alto la presencia de Dios y su acción. Nuestra mente es muy capaz de tomar conciencia de nuestros pecados, pero esta autorreflexión es inútil para nosotros —¡y hasta peligrosa!— si no miramos esos pecados, y a nosotros mismos como pecadores, con la mirada amorosa de Jesús. Somos muy buenos para luchar con nuestros pecados, pero muy malos para verlos a través de los ojos de Dios. Si esto es cierto es porque el amor de Dios sobrepasa todo entendimiento humano como nos acaba de decir el Salmista:

Tan grande es su amor por los que le temen

como alto es el cielo sobre la tierra.

Tan lejos de nosotros echó nuestras transgresiones

como lejos del oriente está el occidente.

Es imposible para nuestro entendimiento humano comprender la misericordia de Dios extendida hacia nosotros, como es muy difícil ver que nuestro Maestro en este tiempo de Cuaresma no es ajeno a nuestros pecados, nuestras faltas, nuestros compromisos. Estamos tan convencidos de que la perfección de Dios nos rechaza que nos cuesta mirarlos con los ojos de quien los ha nacido en su propia carne. Sin embargo, relacionarnos con Jesucristo es nuestra única esperanza y nuestro único camino a través de esta temporada de Cuaresma. Porque “al que no conoció pecado, el Padre lo hizo pecado por nosotros, para que nosotros fuésemos hechos justicia de Dios en él ”. Jesucristo fue más abajo en nuestra desesperación y nuestros pecados de lo que jamás podamos ir, peleó peores batallas y las venció. Recuerden esto cuando ustedes se sientan muy bajos, cuando reflexionan sobre sus pecados o los pecados de nuestra humanidad: Cristo siempre ha ido más bajo. Al entrar en esta temporada de Cuaresma, somos llamados a la fe: somos llamados a experimentar que no hay sufrimiento, ni dolor, ni duda, que él no haya atendido y sanado con su toque amoroso.

De hecho, el principal peligro del tiempo de Cuaresma, y quizás de toda la vida cristiana, no especar. Esto es parte de nuestra naturaleza humana. Reconocerlo significa que reconocemos que somos hijos y hijas de Dios que necesitan crecer en la estatura plena de Cristo. El principal peligro de toda vida cristiana es apoderarse nuestros pecados; es creer que nos pertenecen y dependen únicamente a nosotros. De hecho, apropiarnos nuestros pecados es tan pecaminoso como apropiarnos nuestras buenas obras. Ambos son diferentes lados de la misma moneda. Jesús en el Evangelio de hoy tiene una advertencia muy fuerte contra lo que llamamos hipocresía. La hipocresía ocurre cuando se hace algo por el beneficio social o narcisista que se obtiene de esto, en lugar de por pura obediencia al mandato de Dios. Creámonos la impresión de que estamos dando, pero en realidad estamos dando poco para ganar más para nosotros mismos. Cuando hacemos esto, estamos ocultando el hecho de que esperamos ganar algo. En Cuaresma debemos ser conscientes de que esto también sucede con nuestras faltas o pecados. No son solo las buenas obras las que alimentan nuestro deseo de ganar prestigio, poder y superioridad moral. A través de estas actitudes intentamos de salvar a nosotros mismos, de establecer nuestros propios nombre y reputación, incluso a veces nuestra propia iglesia, dejando a Dios fuera de escena.

Lo que es tan profundamente triste acerca de nuestra fascinación por los pecados y nuestro aferramiento a ellos, es que si no dejas que Cristo te los quite, se pudrirán cerca de ti y enfermarán a todos alrededor. Los pecados no perdonados enferman a nuestras sociedades; nos hacen sospechar del pecado donde no hay pecado. Los pecados no remitidos destruyen el verdadero gozo y la verdadera libertad. Contaminan otras áreas de nuestras vidas con su tortuosidad. Terminamos midiéndonos a nosotros mismos y a los demás con las cosas, los poderes y las criaturas de este mundo, en lugar de medirnos con el amor infinito y dinámico de Dios.

Si hacemos de nuestros pecados o de nuestras buenas obras nuestro tesoro, si los recopilamos, clasificamos o publicamos, pondremos nuestro corazón en nuestras acciones, sean “buenas o malas”. Haremos nuestro tesoro lo que hacemos, y nuestro corazón no latirá más por el Hacedor de todo y el redentor de todo. La realidad es que nada de lo que tenemos y nada de lo que hacemos nos pertenece, y lo mismo ocurre con nuestros pecados. Pertenecen a Jesucristo, y si no dejamos que él los tome, en realidad nos estamos oponiendo al amor de Dios. “Dios”, como insiste Maurice Zundel, un sacerdote suizo, “no puede reinar en nosotros sin nosotros, porque Dios es amor y el amor solo puede recibirse a través del amor”.

¿Cómo le das algo a alguien? ¡Viniendo a ello! Le hablas, te presentas, y poco a poco dejas que surja la intimidad y das lo que quieres dar. Y si tienes mucho que dar, ¡quédate más tiempo! Así es con los pecados que queremos dar a Jesucristo, podemos acercarnos a él y presentárselos, sencillamente, con humildad. Y cuando sintamos sus ojos mirándonos, nos daremos cuenta de que no quiere nuestros pecados tanto como nos quiere a nosotros. Él quiere darse completamente a nosotros. Nuestros pecados son sólo un pretexto, una ocasión para acercarnos a él, para ser marcados por su signo y recibidos en su cuerpo. Entrégale tus pecados en la oración y en el silencio, en todo lo que hagas o hayas dejado de hacer: él los dejará a un lado y te mirará porque te ama más que cualquier cosa que puedas ofrecerle. Él se entregará a ti. Yen tus manos; esas mismas manos que solían aferrarse a tus pecados, él vendrá a descansar para que crezcas a su semejanza.

Symposium on Priesthood at the Vatican

Spring is already in the air here in Rome even though the mornings are still cold. Several events have been the occasion for exciting ecumenical encounters in recent days and I will try to give you an overview of them in my next posts.

https://communio-vocation.com/en/accueil-english/
The Website of the Symposium.


Archbishop Ian Ernest and I went to the three-day Vatican conference on the priesthood. This conference was intended as a response to the difficulties that the Roman Catholic Church is going through at the moment, especially after priests used their position of authority to abuse the people who were placed under their care. The symposium did not dwell too much on the reasons for the abuses (the study of which was postponed to another possible symposium). The papers mostly sought to address the realities of the priesthood in the Catholic Church in a pastoral and theological way without limiting it (at least that was the original intention!) to the ministerial priesthood (i.e. the priesthood of ordained Christians). The question of the priesthood of all the baptized (baptismal priesthood) came up with a particular relevance as the Roman Catholic Church has launched itself a synodal process about which I’ll talk more in detail in another post. The Pope’s inaugural lesson was certainly the most inspiring of the communications, for, unlike many others, he approached the realities of priesthood from a spiritual and pastoral point of view and not a purely theological or historical one. Here is the link to a transcript of his speech.

https://www.vatican.va/content/francesco/en/speeches/2022/february/documents/20220217-simposio-teologia-sacerdozio.html


Unfortunately, the communication that we expected the most and which was to focus on the ecumenical issues of the priesthood was quite disappointing. Cardinal Koch limited himself to the relations of the Catholic Church with the Orthodox and the Lutherans, brilliantly ignoring the accomplishments of the Anglican-Catholic dialogues. Overall the presentations were very interesting and led to lively discussions between ++Ian and I on the differences and similarities between the Anglican and Roman conceptions of priesthood. The coffee breaks also allowed me to meet Catholic seminarians from the French Seminary in Rome as well as the Rector of Beda College, one of the English seminaries here. They all invited me to visit them, which will give me material for other articles!

Archbishop Ian Ernest and I at the Symposium on Priesthood.

Symposium Sacerdoce

Le printemps se fait déjà sentir ici à Rome même si les matins sont encore froids. Plusieurs événements ont été l’occasion de rencontres oecuméniques passionantes ces derniers temps et je vais essayer de vous en donner un aperçu dans mes prochains articles.

https://communio-vocation.com/en/accueil-english/
Le site du symposium sur le sacerdoce

L’archevêque Ian Ernest et moi-même sommes allés à la conférence qui se tenait pendant trois jours au Vatican sur le sacerdoce. Cette conférence se voulait une réponse aux difficultés que traverse l’Eglise catholique romaine en ce moment, notamment après que des prêtres ont utilisé leur position d’autorité pour abuser des personnes qui étaient placés sous leur soins. Le séminaire ne s’est pas tellement attardé sur les raisons des abus, qui ont été renvoyé à un possible autre séminaire. Les communications cherchaient surtout à aborder les réalités de la prêtrise dans l’église catholique de manière pastorale et théologique sans la limiter (du moins c’était l’intention initiale!) au sacerdoce ministériel (c’est-à-dire le sacerdoce des prêtres ordonnés). Il a en effet été un peu question du sacerdoce de tous les baptisés (sacerdoce baptismal) que le processus synodal actuel qu’a lancé l’Eglise catholique et sur lequel je reviendrai tente de faire valoriser à nouveau. La leçon inaugurale du Pape était certainement la plus inspirante des communications, car, contrairement à beaucoup d’autre, il abordait les réalités du sacerdoces d’un point de vue spirituel et pastoral et non purement théologique ou historique. Voici le lien vers un compte-rendu de son discours.

https://www.vatican.va/content/francesco/en/speeches/2022/february/documents/20220217-simposio-teologia-sacerdozio.html

Malheureusement, la communication que nous attendions le plus et qui devait porter sur les enjeux oecuménique du sacerdoce fut assez décevante. Le Cardinal Koch s’est limité aux relations de l’Eglise catholique avec les Orthodoxes et les Luthériens, ignorant magistralement les dialogues anglican-catholiques. Globalement les présentations étaient très intéressantes et ont nourri des discussions passionnantes entre ++Ian et moi sur les différences et les similarités entre les conceptions anglicane et romaine de la prêtrise. Les pauses cafés m’ont aussi permis de rencontre des séminaristes catholiques du Séminaire français de Rome ainsi que le Recteur du Collège Beda, un des séminaire anglais de Rome. Ils m’ont tous invité à leur rendre visite, ce qui fera matière à d’autres articles !

L’archevêque Ian Ernest et moi au Symposium sur le sacerdoce.

Premier sermon au Centre Anglican

L’archevêque Ian Ernest, directeur du Centre anglican, m’a invité à prêcher pour notre Eucharistie du mardi. Voici le texte du sermon et un lien vers la vidéo du service sur la page Facebook du Centre anglican.

https://fb.watch/bsHchXAZc1/
Premier sermon au Centre anglican ! 🙂

Mardi 22 février

Centre anglican, Rome

Jacques 4.1-10 ; Ps 55:7-24 ; Marc 9.30-37

Les lectures que nous venons d’entendre sont difficiles, car elles parlent de conflit, ce dont nous ne voulons généralement pas entendre parler dans l’église ou dans le monde. Ces lectures portent sur des attitudes concurrentes et des visions du monde antagonistes qui, d’un point de vue humain, semblent irréconciliables. Pour beaucoup de nos frères et sœurs à la marge de l’Église, et pour nous, entendre Jacques déclarer que « l’amitié avec le monde est inimitié avec Dieu» peut sembler très dur et un radicalement choquant. Voyez ces chrétiens qui n’aiment pas notre monde, qui rêvent juste du ciel et condamne tout ici-bas comme pécheur ! Il est vrai que la crise écologique moderne actuelle peut être attribuée à certains enseignements chrétiens qui ont été mal utilisés et mal interprétés. Les préjugés négatifs sur le monde dans certains milieux religieux chrétiens ont donné lieu à une forme d’opposition stérile entre le matériel et le spirituel et ont conduit à un rapport abusif à la création divine. Pour reprendre les mots de Gilbert Chesterton, on peut dire que la crise écologique dans laquelle nous vivons aujourd’hui est la conséquence des « vieilles vertus chrétiennes devenues folles ».

Cette incompréhension des enseignements chrétiens était déjà possible à l’époque de Jacques. Pour les contemporains de Jacques comme pour nous aujourd’hui, le cosmos en question faisait référence à l’univers, le lieu où nous vivons, notre biotope, peuplé de réalités physiques et spirituelles. Alors que l’effondrement écologique nous oblige à réaliser que nous abusons continuellement de la création que Dieu nous a confiée, l’affirmation selon laquelle «l’amitié avec le monde est inimitié avec Dieu» semble encore plus scandaleuse. Pourquoi avoir de l’amitié, de la compassion pour notre monde souffrant des conséquences du changement climatique pourrait faire de nous des ennemis de Dieu ? Comment pourriez-vous opposer à Dieu l’amitié avec ce monde, qui est notre environnement, le lieu où nous vivons, où nous nous réjouissons et souffrons ? Cela n’a vraiment aucun sens et c’est profondément révoltant. C’est non seulement absurde mais aussi contraire à l’esprit de l’Evangile et à l’enseignement de Jésus-Christ. Comment pouvons-nous alors comprendre ce que Jacques nous dit concernant l’amour rédempteur du Christ pour nous ? La réponse à cette question cruciale se trouve dans la manière dont Dieu agit dans ce monde et nous enjoint de participer à sa vie rédemptrice. L’Evangile que nous venons d’entendre nous offre un chemin de transformation qui n’est pas celui de la condamnation mais celui de la collaboration et de la communion.

L’attitude des disciples qui discutent sur la manière de savoir qui est le plus grand ne doit pas nous surprendre. C’est notre manière normale d’être et de penser lorsque nous nous comparons les uns aux autres, lorsque nous voyons des qualités ou des défauts que nous pensons reconnaître chez les autres ou en nous-mêmes. Suis-je meilleur ou pire que mon collègue ? Meilleur ou pire que mon ami ? Meilleur ou pire que ce frère ou cette sœur assis à côté de moi ? Cette attitude se retrouve dans tous les milieux où les humains vivent ensemble, et même lorsque nous sommes seuls, nous pensons toujours de cette façon. Vivre ensemble entre humains peut favoriser la compétition et l’envie : cela se passe à la frontière entre les nations, sur les marchés entre les entreprises, à l’école entre les élèves ou dans nos familles. Lorsque, comme les disciples, nous cherchons à nous juger, à nous évaluer, nous basons notre jugement sur des idées, des faits, des choses qui sont toujours de toutes petites parties de la réalité. Dans notre communion d’Églises, nous avons aussi tendance à rivaliser sur des questions de liturgie, de normes morales et d’une plus grande fidélité à la Bible ou à la tradition. Nous nous disputons souvent pour savoir qui est le plus grand. Nous pensons que nous pouvons juger l’ensemble, que nous pouvons nous juger et nous évaluer, en fondant notre jugement sur notre toute petite compréhension humaine d’une situation. Nous pensons que certaines analyses savamment assemblées peuvent être un argument contre un tout qu’on ne connaît jamais. Mais comment juger, quand, contrairement au Christ qui lit dans le cœur de ses disciples, nous ne connaissons pas le cœur de l’homme et la plénitude de l’amour de Dieu ?

L’attitude de Christ dans l’Evangile est totalement différente de cette attitude mondaine que je viens de décrire. Le Christ ne s’engage pas dans la querelle entre les disciples pour savoir qui est le plus grand. Il ne recueille pas les jugements,  il ne fait pas des dossiers comme les juges de ce monde. Il ne les hiérarchise pas, il ne les classe pas selon leur ancienneté, leurs compétences ou leurs dons. Quelle différence avec tout ce que nous faisons, tout ce que nous disons et tout ce que nous entendons les uns sur les autres chaque jour ! Au lieu de cela, le Christ s’écarte de la lutte de pouvoir en remontant à la source de tout pouvoir, c’est-à-dire sa propre autorité mise au service de tous. Alors que les disciples se jugent de manière anarchique et futile, rivalisent et commentent comme nous le faisons sur les réseaux sociaux, Jésus, comme le Seigneur dans le prophète Joël, s’assoit pour juger son peuple.

Le genre de pièce de théâtre qu’il joue quand il met un petit enfant parmi eux et l’embrasse est une leçon de choses. C’est un signe prophétique qui s’apparente au mime prophétique d’Ezéchiel ou aux happenings théâtraux et politiques d’aujourd’hui : Jésus-Christ ne nous enseigne pas principalement à travers des idées, des valeurs ou des catégories que nous pouvons facilement ramasser et utiliser comme des armes l’un envers l’autre. Il nous accueille dans son royaume en nous montrant qu’elle est l’ultime réalité divine qui se révèle elle-même : la dynamique du service. Les gestes prophétiques qu’il accomplit mettent en scène pour nous tous la réalité de la vie eucharistique, une vie ordonnée par le fait de recevoir et de donner, non par le jugement. Ce geste prophétique, qui est un jugement de Dieu, est une réponse à l’attitude divise de compétition des disciples : il nous enseigne que la seule manière par laquelle nous sommes appelés à rivaliser est en en étant plus désintéressés dans notre service les uns envers les autres, au point que nous devenons transparents à Dieu en s’offrant comme lui de façon désintéressée.

Le mystère de l’Eucharistie dans lequel nous allons entrer est la nourriture qui nous permet de grandir  et d’atteindre la pleine stature du Christ. Elle nous permet aujourd’hui de nous imprégner de la réalité du Royaume et de son sens du service à même ce monde. Tout comme ce petit enfant parmi les disciples, l’Eucharistie est un mystère silencieux, un tout petit et tout simple repas. C’est à peine un repas comme un enfant est à peine un homme ou une femme, mais si nous l’accueillons, nous sommes aussi accueillis dans la dynamique divine de l’amour, et devenons capables de la partager. Par ce petit morceau de pain (le corps de notre Seigneur), par cette coupe de vin (le sang de notre Seigneur), nous pouvons entrer dans l’ordre de grandeur du Royaume dans lequel la petitesse et le service nous font grandir et nous restaurent. De cet autel découle tout le mystère eucharistique de nos vies qui rend nos relations, nos ministères et notre vie quotidienne de disciples du Christ veritablement divines. L’Eucharistie est le mystère dans lequel notre monde brisé se réconcilie avec Dieu en Jésus-Christ.

Cette vie eucharistique est dynamiquement différente de ce qui a conduit à l’effondrement écologique actuel. La crise écologique actuelle est le fruit d’un esprit mondain d’intérêts égoïstes et de compétition et d’une profonde incompréhension de ce que signifie être serviteur de Dieu dans ce monde. Au contraire, se nourrir de l’Eucharistie est le remède à la compétition et à la division du monde qui conduit à sa destruction écologique et à notre propre mort. En se donnant à nous, et en traçant par là un chemin-retour vers lui, Dieu nous commande en Jésus-Christ d’ordonner nos vies selon les plus petits serviteurs de ce monde : « Qui veut être le premier doit être le dernier de tous et le serviteur de tous. ‘ Il s’est fait le serviteur de tous pour que nous puissions nous réconcilier avec lui. Pour ce faire, il a osé s’offrir à nous sous les espèces du pain et du vin, et être sacrifié comme l’Agneau de Dieu. Comme il l’a osé, nous pouvons aussi oser voir le « petit enfant » d’aujourd’hui dans nos frères et sœurs silencieux : tous les êtres humains et non-humain qui n’ont pas voix au chapitre.  Les minéraux, les plantes, les animaux sont aussi notre propre enfance dans la grande histoire de l’évolution par laquelle Dieu se révèle. Nous sommes invités, à cet autel et dans nos vies à les accueillir en son nom pour l’accueillir lui et le Père qui l’a envoyé. Être disciples du Christ aujourd’hui, c’est se rappeler l’urgence d’arrêter de rivaliser les uns avec les autres. Nous sommes plutôt invités à laisser nos vies être transforée en une vie eucharistique. Cela implique un engagement fort et concret au service écologique dans un esprit de fraternité. De ce service commun dépend la crédibilité de notre témoignage chrétien aux yeux de ceux à qui le Christ nous envoie comme ses disciples.

Un chat romain.

Preaching at the Anglican Centre

Archibishop Ian Ernest, director of the Anglican Centre, invited me to preach at our Tuesday Eucharist. Here is the text of the sermon and a link to the video of the service on the Anglican Centre’s Facebook page.

https://fb.watch/bsHchXAZc1/

First time preaching at the Anglican Centre! 🙂

Tuesday February 22

Anglican Centre, Rome

James 4.1-10; Ps 55:7-24; Mark 9.30-37

The readings we just heard are difficult ones, because they talk about conflict, which is something we usually don’t want to hear about in the church or in the world. These readings are about competing attitudes and antagonist worldviews which from a human viewpoint seem unreconcilable. For many of our brothers and sisters at the margin of the Church, and for us, hearing James declare that “friendship with the world is enmity with God” can sound very hard and a radical clash. See these Christians who don’t like our world, who just dream of heaven and judge everything here below as sinful! Some scholars have showed that the current modern ecological crisis can be traced back to certain Christian teachings which have been misused and misinterpreted. The negative prejudice about the world in some Christian religious settings have given rise to a form of sterile opposition between the material versus the spiritual and led to an abusive relation to God’s creation. Using Gilbert Chesterton’s words, we can say that the ecological crisis we’re living in today is the consequence of “old Christian virtues gone mad”.

This misunderstanding of Christian teachings was already possible in James’ time. For the contemporaries of James as for us today, the cosmos in question referred to the universe, the place where we live, our biotope, populated by physical and spiritual realities. As ecological collapse forces us to realize that we are continually abusing the creation that God has entrusted to us, the assertion that “friendship with the world is enmity with God” seems even more outrageous. Why having friendship, compassion for our world suffering from the consequences of climate change could make us enemies of God? How could you oppose to God friendship with this world, which is our environment, the place where we live, where we rejoice and suffer? It really doesn’t make any sense and it’s deeply revolting. It is not only absurd but also contrary to the spirit of the Gospel and the teaching of Jesus-Christ. How can we then understand what James tells us in regard of Christ’s redeeming love for us? The answer to this crucial question is to be found in the way God acts in this world and enjoins us to participate in his redeeming life. The Gospel we have just heard gives us a pathway of transformation which is not one of condemnation but of collaboration.

The attitude of the disciples who discuss on the way to know who the greatest is should not surprise us. It is our normal way of being and thinking when we compare ourselves to each other, when we see qualities or faults that we think we recognize in others or in ourselves. Am I better or worse than my colleague? Better or worse than my friend? Better or worse than this Christian brother or sister sitting beside me? This attitude is found in all circles where humans live together, and even when we are on our own we still think this way. Living together between humans can foster competition and envy: it happens on boarders between nations, in the market between corporations, at schools between students, or in our families. When, like the disciples, we seek to judge ourselves, to evaluate ourselves, we base our judgment on ideas, facts, things which are always small parts of reality. In our communion of Churches, we also tend to vie with each other on questions of liturgy, moral standards and greater faithfulness to the Bible or tradition. We often quarrel with each other about who is the greater. We think that we can judge the whole, that we can judge and evaluate ourselves, grounding our judgement on our petty human understanding of a situation. We think that some cleverly assemble analyses can be an argument against a whole don’t know. But how can we judge, when, contrary to Christ, who reads the hearts of his disciples, we don’t know the heart of humans and the fullness of God’s love?

Christ’s attitude in the Gospel is fully different from this worldly attitude I just described. Christ doesn’t engage in the quarrel between the disciples about who is the greatest. He doesn’t collect judgements, make files like the judges of this world. He doesn’t provide a hierarchy, he doesn’t rank them according to their seniority, their skills, or their gifts. How different from everything we do, everything we say and everything we hear about each other every day! Instead of that, Christ steps aside from the power struggle by going back to the source of all power, that is his own authority realized in service for all. When the disciples were judging each other in an anarchical and futile way, competing and commenting like we do on social medias, Jesus, like the Lord in the prophet Joel, sits down to judge his people:

The kind of play that he performs when he puts a little child among them and embraces him is a leçon de choses. It is a prophetic sign akin to Ezekiel’s prophetic miming or today’s theatrical and political happenings: Jesus Christ does not teach us primarily through ideas, values or categories that we can easily collect and use as weapons. He welcomes us into his kingdom by showing us what is the ultimate, self-revealing God-like reality: the dynamics of service. The prophetic gestures he performs enacts for all of us the reality of eucharistic living, a life ordered by receiving and giving, not by judgement. This prophetic gesture, which is a judgement of God, responds to the disciples’ divisive attitude of competition: it teaches us that we can only compete in being more selflessly obliging to each other, to the point that we become transparent to God selfless offering of himself.

The mystery of the Eucharist that we are about to enter is the food that allows us to grow is Christ’s full stature. It allows us today to indwell in the reality of the Kingdom and its otherworldly sense of service in this world. Just like this little child among the disciples, it is a silent mystery, a very small and simple meal. It is barely a meal as a child is barely a human, but if we welcome it, we are also welcomed in the divine dynamics of love, and become able to share it. Through this small piece of bread, the body of our Lord, through this cup of wine, the blood of our Lord, we can enter the order of magnitude of the Kingdom in which smallness and service restore us. From this altar flows the whole Eucharistic mystery of our lives which sanctifies our relationships, our ministries, and our daily life of followers of Christ. The Eucharist is the mystery in which our broken world is reconciled to God in Jesus-Christ.

This Eucharistic living is dynamically different from what has led to the current ecological collapse. The current ecological crisis is the fruit of a worldly spirit of selfish interests and competition and a profound misunderstanding of what it means to be servants of God in this world. On the contrary, feeding on the Eucharist is the remedy of the world’s competition and division that leads to its ecological destruction and our own death. By giving himself to us, and tracing thence a way back to him, God commands us in Jesus Christ to order our lives according to the smaller servants of this world: ‘Whoever wants to be first must be last of all and servant of all.’  He became himself the servant of all so that we can be reconciled to him. To do so, he dared to offer himself to us in the species of bread and wine, and be sacrificed as the Lamb of God. As he dared, we can also dare to see today’s “little child” among us in our silent brothers and sisters who are plants and animals. Minerals, plants, animals are our own infancy in God’s self-revelation in the great history of evolution. We are invited, at this altar and in our lives to welcome them in his name in order to welcome him and the Father who has sent him. Being disciples of Christ today is being reminded of the urgency of stopping to compete against each other. We are rather urged to order our lives to Eucharistic living which entails a strong and concrete commitment to ecological service in a spirit of brotherhood. On this common service depends the credibility of our Christian witness in the eyes of those to whom Christ sends us as his disciples.

A Roman cat.

Epiphanie VI – un anniversaire très spécial

On m’a proposé de prêcher lors de l’Eucharistie dominicale à Saint-Paul hier. Ce dimanche a également été une étape importante dans l’histoire de la communauté ecclésiale car c’était les 10 ans de l’arrivée du Père Austin à St Paul.

Vous trouverez ci-dessous le texte traduit du sermon ainsi que l’audio en anglais.

13 février 2022

Épiphanie VI : Saint-Paul-dans-les-murs, Rome

Lectures: Jérémie 17:5-10 ; Psaume 1 ; 1 Corinthiens 15:12-20 ; Luc 6:17-26

En tant que jeune prédicateur et nouveau venu parmi vous, je suis soucieux d’être pertinent, plus que je ne devrais probablement l’être. On dit que les congrégations aiment les sermons pertinents. Le dictionnaire Merriam Webster définit la pertinence comme ceci : « ayant une incidence significative et démontrable sur le sujet en question », mais aussi « ayant une pertinence sociale ». Comme on ne se connaît pas vous pouvez légitimement vous demander comment ce jeune Français peut avoir une « pertinence sociale » pour prêcher à nous, des gens qu’il connaît à peine, dans une ville où il est arrivé il y a un petit mois ? Je me suis posé la même question moi-même quand j’ai commencé à écrire ce sermon. La Bible nous donne plus d’un exemple du fait que les discours publics pertinents inspirés par l’Esprit de Dieu (ce que nous appelons dans le jargon de l’Eglise des sermons) ne dépendent pas d’une connaissance sociologique de l’auditoire. Ni du statut, de l’éducation ou des compétences du prédicateur. Voilà qui est réconfortant ! Surtout aujourd’hui où je monte en chaire après Jésus-Christ lui-même !

Dans l’Evangile, c’est bien Jésus que nous avons entendu prêcher aujourd’hui. Ce passage est souvent appelé le « sermon sur la plaine » parce que Jésus descend du mont des Oliviers pour s’adresser à ses disciples, et (sous-entendu) aussi pour s’adresser à la foule et à la grande multitude qui est venue le suivre. Si le sermon de Jésus est en tous points différent de ce qu’un prêtre oserait prêcher, cette foule est cependant à peu près identique à nous ici ce matin. C’est un mélange composite et cosmopolite de personnes : « Une communauté de personnes fortes et de personnes faibles, une communauté composée de personnes fidèles et de personnes qui manquent de foi, de personnes riches et de personnes pauvres, de personnes qui ont été guéries. et de gens qui aspirent à être guéris… [1]» Ils venaient, comme nous, de différentes régions, avaient différentes langues maternelles et différents horizons. Cette foule changeait probablement constamment, les gens allaient et venaient, et beaucoup parmi cette multitude ne partageaient pas la culture juive de Jésus. Comment l’enseignement de quelqu’un pourrait-il être pertinent pour une telle multitude ? Comment pouvait-il parler à la fois aux Judéens, aux habitants de Jérusalem et aux habitants de la côte ? Comment pourrait-il être significatif pour ses disciples proches ainsi que pour les personnes qu’il rencontre pour la première fois ?

Et pourtant, ce que dit Jésus à cette multitude mélangée est infiniment pertinente, même pour nous aujourd’hui, dans un pays qu’il n’a jamais visité. Si elle est si pertinente, c’est qu’il ne prêche pas de lui-même, mais comme il le dit souvent dans l’Evangile, à partir de la communion d’amour qu’il partage à la fois avec son Père , et avec nous, ses frères et sœurs. Jésus est pertinent parce qu’il nous relie les uns aux autres et au Père. Aucune idéologie, aucune méthode, aucun égocentrisme n’entrave le flot des paroles de Jésus qui nous abreuve tous. Les quatre « bénis » et les quatre « malheur » qu’il annonce à la multitude découlent de la même source : ils manifestent tous le pouvoir de Jésus de libérer, ou de « décoller » ceux qui s’identifient à ce qu’ils ne sont pas . Vous êtes dans la souffrance ? Prenez courage, votre souffrance n’est pas ce que vous êtes Êtes-vous satisfaits? Dieu a quelque chose de meilleur pour vous, votre satisfaction n’est pas non plus ce que vous êtes. Mais les bénédictions et les malheurs de Jésus font plus que cela, ils font plus que s’adresser à notre moi individuel, laissant chacun de nous régler ses problèmes par lui-même. La symétrie de ces bienheureux et de ces malheureux invite cette foule – tout comme elle nous invite aujourd’hui – à les considérer comme intimement liés, à voir les besoins et les dons de chacun comme mutuellement interdépendants. Si vous êtes , ou avez tellement, vous pouvez donner plus aux autres et être plus présent pour eux. Si vous avez peu et que vous êtes petit aux yeux du monde, vous pouvez recevoir encore plus et enseigner mieux que quiconque la reconnaissance. Dans les paroles de Jésus, les bénédictions et les malheurs de ce monde sont réconciliés pour favoriser la guérison, tout comme les guérisons miraculeuses des malades sont des signes de la puissance de Dieu et de son Royaume à venir.

Jésus nous rend pertinents les uns pour les autres, tout comme sa mort et sa résurrection sont pertinentes pour nous tous, comme le souligne saint Paul. Si nous nous traitons mutuellement de dérisoires ou d’insignifiants, nous ne croyons pas à la pertinence de Jésus, ni à son pouvoir de guérir ce monde. Jésus lui-même ne dit jamais à personne que ça ne sert à rien qu’il le suive, qu’il n’a pas d’importance. Il ne dit à personne qu’ils ne sont pas pertinents. Et qui plus est, comme ils le suivent ensemble sur le chemin, ils sont aussi invités à se suivre mutuellement ; pour découvrir la pertinence de chacun. C’est ainsi qu’avance une foule et on peut observer la même chose avec des groupes de touristes à Rome : même s’ils suivent un guide, ils finissent tous par marcher l’un après l’autre, parfois devant, parfois à côté, parfois un peu en arrière, mais jamais seul.

Ces gens dans la plaine ont la possibilité de suivre Jésus, tout comme ceux d’entre nous qui sont ici. Si nous continuons à nous venir, si nous continuons à nous joindre à cette foule, l’écart entre les bénédictions et les malheurs se réduira . Le fossé entre vous et moi se rétrécira, entre nous tous, et entre Christ et chacun aussi. Tous les sermons que Jésus prononce dans l’évangile de Luc nous le disent. Se rendre présent, venir est aussi pertinent et radical que la présence de Jésus parmi nous. Présentez-vous, venez régulièrement; construiser le Royaume.

Lorsque vous vous êtes rassemblés comme cette foule, quand vous êtes venus ce matin, vous vous attendiez probablement à entendre la Parole de Dieu partagée par quelqu’un dont vous connaissez la voix. Certainement pas par moi, naturellement, car nous ne nous connaissons pas encore. Je parle bien sûr du Père Austin, votre Recteur, qui n’est pas sur cette montagne aujourd’hui, mais de « plain-pied » avec vous comme Jésus quand il s’adressait à ses disciples et guérissait les foules ! Aujourd’hui, nous célébrons le 10e anniversaire d’Austin à St. Paul’s. C’est dix années où il a été là pour vous. C’est dix années où il a guidé une foule toujours changeante et mouvante de disciples du Christ dans cette ville de Rome. Dix ans où il a maintenu ensemble dans les soins et les prières de Dieu une communauté aussi diverse que vous tous qui êtes ici en personne ou par Internet. Dix ans qu’il a été présent à ceux qui sont aujourd’hui absents. Dix ans où il a montré la pertinence de chacun les uns par rapport aux autres alors qu’ils avancent ensemble le Royaume de Dieu à Rome, en soutenant les ministères complémentaires de l’Église et du JNRC. Et dix ans aussi pendant lesquels toi, Austin, tu t’es donné à ce peuple. Si tu as besoin d’une preuve de ce que je dis, tout ce dont tu dois te rappeler, c’est que tu parles maintenant italien comme un vrai pompiste romain, come un benzinaio vero ! Tu ne seras jamais à sec. Tous ces efforts silencieux le Psalmiste les compare – d’une manière plus écologique – à un arbre qui pousse silencieusement (mais sûrement!) des racines et des branches pour que les gens se reposent à son ombre. Même lorsque le sol semblait recouvert de neige comme le jour de ton arrivée à Rome, au plus profond de ce sol, le Seigneur travaillait déjà à ce que tes racines atteignent sa source de vie. Tout ce que vous avez fait a été pertinent aux yeux de Dieu et aux yeux des personnes que tu as servies, à travers les malheurs et les bénédictions.

Je ne suis pas là depuis longtemps, mais je me souviens de ce qu’Austin m’a dit lors de notre première passegiata ensemble, il y a plus d’un mois. C’était le premier sermon que j’entendais à Rome à propos de l’Eglise, ce qui n’est pas rien ! Je pense qu’il serait très pertinent de vous le partager ce matin afin que vous ayez trois sermons pour le prix d’un : une grande nuée d’étourneaux dansait dans le ciel romain, et le Père Austin les a comparés à l’Église, à une belle congrégation . Dans leur danse, chaque étourneau est pertinent. Ils se présentent, ils viennent et volent ensemble dans la brise pour que tout le monde puisse les voir et rendre grâce à Dieu.

Joris Bürmann, MA, MDiv

Missionnaire YASC

[1]Le révérend Teddy Hickman-Maynard, «Following without Faith», The Memorial Church, Harvard, 26 octobre 2021.

Etourneaux dans le ciel de Rome, Mont Célio.

Epiphany VI and a Special Anniversary

I was given the opportunity to preach during Sunday Eucharist at à St. Paul’s yesterday. This Sunday was also a milestone in the history of the church community because it was Fr. Austin’s 10-year anniversary at St Paul’s.

You’ll find below the text of the sermon in English as well as the audio recording.

February 13, 2022

Epiphany VI: St. Paul’s-within-the-walls, Rome

Readings: Jeremiah 17:5-10; Psalm 1; 1 Corinthians 15:12-20; Luke 6:17-26

As a young preacher and a newcomer among you, I am anxious to be relevant, more than I probably should be. It is said that congregations like relevant sermons. The Merriam Webster dictionary defines relevant like this: “having significant and demonstrable bearing on the matter at hand” but also “having social relevance.” As we don’t know each other you can legitimately wonder how this young French chap could have “social relevance” to preach to us whom he barely knows, in a city he arrived in a brief month ago? I wondered the same thing myself when I started writing this sermon. The Bible gives us more than one example of the fact that relevant public addresses breathed by the Spirit of God (what in church-speak we call sermons) do not depend on a sociological knowledge of the audience. Nor do they on the status, education, or skills of the preacher. How comforting! Especially today when I am filling the pulpit after Jesus Christ himself!

In the Gospel it was indeed Jesus that we heard preaching to us today. This passage is often referred to as the “sermon on the plain” because Jesus comes down from the Mount of Olives to address his disciples, and (it is implied) also to address the crowd and the great multitude that has come to follow him. If Jesus’ sermon is pretty much unlike what a priest would dare to preach, this crowd however is pretty much like us here this morning. It is a composite and cosmopolitan mix of people: “A community of followers who were strong and people who were weak, a community that had people who were faithful and people who were without faith, people who were rich and poor, people who got healed and people who longed to be healed…[1] ” They came, like we do, from different regions, had different mother tongues and different walks of life. This crowd was probably always changing, people coming and leaving, and many amongst this multitude didn’t share Jesus’ Jewish culture. How could someone’s teaching be relevant to such a multitude? How could he speak both to the Judean, the Jerusalemites and the inhabits of the coast? How could he be meaningful to his close disciples as well as to people he is meeting for the first time?

And yet, the way Jesus preaches to this mixed multitude is infinitely relevant, even to us today, in a country he never visited. If it is so relevant, it is because he doesn’t preach it from his own self, but as he often says in the Gospel, from the communion of love he shares both with his Father, and with us, his brothers and sisters. Jesus is relevant because he relates us to each other and to the Father. No ideology, no method, no self-absorption hinders the stream of Jesus’ words that water us all. The four blessings and the four woes he announces to the multitude flow from the same source: they all manifest Jesus’ power to release, or “unstick” those who identify themselves with what they are not. Are you suffering? Take heart, your suffering is not who you are called to be. Are you contented? God has something better for you, your content is not who you are called to be either. But the blessings and woes of Jesus do more than that, they do more than point to our individual selves, leaving each one of us sort out our problems on our own. The symmetry of these blessings and woes invites that crowd – just as it invites us today – to see them as intimately related, to see each other’s needs and gifts as mutually interdependent. If you are, or haveso much, you can give more to others and be more present for them. I you have little and are little in the world’s eyes, you can receive even more and teach better than anyone else how to be grateful. In Jesus’ words, blessings and woes in this world are reconciled to foster healing, just like the miraculous healings of the sick are signs of God’s power and his coming Kingdom.

Jesus makes us relevant for each other, just as his death and resurrection is relevant for all of us, as saint Paul insists. If we treat each other as derisory or irrelevant, we do not believe in Jesus’s relevance, nor in his power to heal this world. Jesus himself never tells anyone that they cannot follow him, that they don’t matter. He tells no-one that they’re not relevant. And what is more, as they follow him together on the way, they’re also invited to follow each other; to see each other’s relevance. That’s the way that a crowd journeys forward and you can observe the same thing with groups of tourists in Rome: even if you are following one guide, you all end up walking one after another, sometimes ahead, sometimes beside, sometimes a bit behind, but never alone.

These people in the plain are given the opportunity to follow Jesus, just like those of us who are here. If we keep showing up, if we keep joining in this crowd, the gap between the blessings and the woes will get smaller. The gap between you and me will get smaller, between each other and between Christ and us too. All of the sermons that Jesus gives in Luke’s Gospel tell us this. Showing up is as relevant and radical as Jesus’s presence among us. Show up, consistently; build the Kingdom.

When you came to gather like that crowd, when you showed up this morning, you probably expected to hear God’s Word shared from someone whose voice you know. Certainly not from me, naturally, as we don’t know each other well. I am talking of Fr Austin, your Rector, who is not on this mountain today, but at a “level place” like Jesus when he addressed his disciples and healed the crowds! Today we celebrate Austin’s 10-year anniversary at St. Paul’s. Those ten years when he has been here for you. Those ten years when he has guided an ever changing and moving crowd of followers of Christ in this city of Rome. Ten years when he has held together in God’s care and prayers such a diverse community as all of you who are here in person or through the internet. Ten years when he has been present to those who are now absent. Ten years when he has shown everyone’s relevance to each other as they advance together the Kingdom of God in Rome, while at the same time sustaining the complementary ministries of the Church and the JNRC. And ten years too during which you, Austin, have given yourself to this people. If you need proof of what I’m saying, all you need to remember is that you now speak Italian like a true Roman gas station attendant, come un benzinaio vero! You’ll never run out of gas. All of these quiet efforts the Psalmist likens – in a more ecological way – to a tree silently but surely growing roots and branches for people to rest under its shade. Even when the floor seemed covered in snow like the first day you arrived in Rome, deep under this ground, the Lord was making your roots reach his well-spring of life. Everything that you’ve done has been relevant in God’s eyes and in the sight of the people to whom you’ve ministered, though both woes and blessings.

I have not been here for long, but I remember what Austin told me on our first passegiata together, over a month ago. It was the first sermon I heard about the church in Rome which is no small thing! I think it is very relevant to share it with you this morning so that you get three sermons for the price of one: a great cloud of starlings was dancing in the Roman sky, and Fr Austin likened them to the Church, to a beautiful congregation. In their dance, each and every starling is relevant. They show up and fly together in the breeze for all the world to see, and to give thanks to God.


[1] The Rev. Teddy Hickman-Maynard, “Following without Faith,” The Memorial Church, Harvard, 26 Oct 2021.

Starlings in the evening sky, Celian Hill, Rome.

Candlemas in Rome

Today is the feast of the Presentation of Jesus at the Temple of Jerusalem, which takes place forty days after his birth. This feast is also sometimes called the Purification of the Virgin Mary because it was customary for new mothers to come to the temple to be ritually purified and the Virgin Mary did it in compliance with the Mosaic law. This feast is also named Candlemas after the candles that are traditionally blessed on this occasion.

Byzantine mosaics in St Zeno Chapel in the Basilica of Santa Prassede.

In Rome, the beginning of February was already associated with polytheistic festivals of purification such as Lupercalia and Feralia before the arrival of the Jewish and Christian faith. Purification and light are related realities and are found, for example, in all the derivatives of the Latin verb lustro which means both « to purify by a sacrifice », « to examine » and « to enlighten » (e.g. « lustration » and « luster »). 

February also marked the end of the Roman calendar which used to begin in March. For the ancient Romans this season heralded a renewal, the return of light and fertility. The Lupercalia festivals that were commemorated at this time recalled the rescue of Romulus and Remus by a she-wolf after they were delivered to the waters of the flooding Tiber River. For the ancient Romans, this unexpected rescue of the future founder of Rome and his brother testified to the divine favor that their City had received. In the return of spring, light and fruitfulness, in the rescue of their founder, they saw celestial providence at work and celebrated it.

File:Speculum Romanae Magnificentiae- Romulus and Remus MET DP870233.jpg
Engraving of the ancient statue of the Roman she-wolf under which was added the figures of Romulus and Remus at the Renaissance period.

When on February 2, 494 Pope Gelasius organized a torchlight procession in the City to commemorate the presentation of Jesus at the Temple, the Romans were invited to reconsider the story of their foundation, their own history, in the light of this new light announced by Simeon, the honorable old man who, on receiving baby Jesus in the temple declared:

  Lord, you now have set your servant free *

    to go in peace as you have promised; 

For these eyes of mine have seen the Savior, *

    whom you have prepared for all the world to see: 

A Light to enlighten the nations, *

    and the glory of your people Israel.

On this feast, in Rome or elsewhere, ancient or new Romans, in blood or in heart, are invited to reconsider their national history, the history of their origins, whatever they may be, in the light of the coming of Christ into this world. . Like Simeon’s long life of expectation, like the story of the feast of Lupercalia, our personal and community history is not canceled by the divine promise fulfilled in Jesus Christ: it is in these stories that God has found what he needs to enter the hearts of the Romans and ours today. Celebrating the presentation to the Temple of Jesus who, not being under the law, yet obeyed the law, invites us to go beyond our own origins, our own limitations, our prejudices and our parochialism. The canticle of Simeon makes us contemplate our own life, our history and our expectations but reminds us that our true identity is ahead of us, in the glory of Jesus Christ and his saints who is expanding on earth and in heaven, more than in any of our exploits or our past trials.

Jésus Christ in glory surrounded by St Prudenziana, St Paul, St. Peter, St Prassede and all his heavenly court, Byzantine mosaic in the Basilica of St Prassede.

During the feast of the Presentation of Jesus in the Temple, we do not celebrate the founders of a City with imperial power but the first glimmers of a complete reversal of the rules of this world. A world where it is not empires, hegemonies, cultures, races, languages ​​or identities of any kind that define us, bring us together or separate us, but Jesus Christ himself who is « the light of the Gentiles and the glory of Israel. » 

In France it is customary to eat crêpes for Candlemas. Near the church I found a Breton crêperie where I had lunch today. On the picture is a typical Breton savory crêpe (called galette) made with buckwheat flour.

La Chandeleur à Rome

Aujourd’hui c’est la fête de la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem, qui a lieu quarante jours après sa naissance. On appelle parfois aussi cette fête, la Purification de la Vierge Marie car il était d’usage que les nouvelles mères se présentent au temple pour être purifiées rituellement. On donne aussi à cette fête le nom de la Chandeleur du nom des chandelles qui sont traditionnelles bénies en cette occasion.

Mosaïques byzantines dans la chapelle de saint Zénon dans l’église Sainte-Praxède.

À Rome, le début du mois de février était déjà associé à des fêtes polythéistes de purification comme les Lupercales et les Feralia avant l’arrivée de la foi juive et chrétienne. La purification et la lumière sont des réalités voisines et se retrouvent par exemple dans tous les dérivés du verbe latin lustro qui signifie à la fois « purifier par un sacrifice », « examiner » et « éclairer » (cf. les termes « lustrer » et « lustre »). 

Février marquait aussi la fin de l’année romaine qui commençait en mars. Pour les anciens Romains cette saison annonçait un renouveau, le retour de la lumière et de la fécondité. Les fêtes des Lupercales qui étaient commémorées à ce moment-là rappelaient le sauvetage de Romulus et Rémus par une louve après qu’ils ont été livrés aux eaux du Tibre en crue. Pour les anciens Romains, ce sauvetage inattendu du futur fondateur de Rome et de son frère témoignait de la faveur divine qu’avait reçu leur Cité. Dans le retour du printemps, de la lumière et de la fécondité, dans ce sauvetage de leur fondateur, ils voyaient la providence céleste à l’œuvre et la célébraient.

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Gravure de la statue de la louve romaine à laquelle a été les figures de Romulus et Rémus à la Renaissance.

Lorsque le 2 février 494 le Pape Gélase Ier organise une procession aux flambeaux dans la Ville pour commémorer la présentation au temple de Jésus, les Romains sont invités à relire l’histoire de leur fondation, leur propre histoire, à la lumière de ce salut annoncée par Siméon cet honorable vieillard qui, en recevant le bébé Jesus dans le temple, déclare :

Maintenant, ô Maître souverain,

tu peux laisser ton serviteur s’en aller

en paix, selon ta parole.

Car mes yeux ont vu le salut

que tu préparais à la face des peuples :

lumière qui se révèle aux nations

et donne gloire à ton peuple Israël.

En cette fête, à Rome ou ailleurs, Romains anciens ou nouveaux, de sang ou de cœur, sont invités à relire leur histoire nationale, l’histoire de leurs origines quelles qu’elles soient à la lumière de la venue du Christ dans ce monde. Comme la longue vie d’attente de Siméon, comme l’histoire de la fête des Lupercales, notre histoire personnelle et communautaire n’est pas annulée par la promesse divine réalisée en Jesus-Christ : c’est en ces histoires que Dieu a trouvé de quoi entrer dans les cœurs des Romains et les nôtres aujourd’hui. Célébrer la présentation au Temple de Jésus qui, n’étant pas sous la loi a pourtant obéi à la loi, nous invite à aller au-delà de nos propres origines, de nos propres limitations, de nos préjugés et notre esprit de clocher. Le cantique de Siméon nous fait contempler notre propre vie, notre histoire et nos attentes mais nous rappelle que notre identité véritable est au devant de nous, dans la gloire de Jesus-Christ et de ses saints qui se révèle au monde, plus que dans nos exploits ou nos épreuves passés.

Jésus Christ en gloire entouré de sainte Prudentienne, saint Paul, saint Pierre, sainte Praxède et de toute sa cour céleste, mosaïque de l’église Sainte-Praxède.

Lors de la fête de la présentation de Jésus au Temple on ne célèbre pas les fondateurs d’une Ville au pouvoir impérial mais les premières lueurs d’un complet renversement des règles de ce monde. Un monde où ce ne sont pas les empires, les hégémonies, les cultures, les races, les langues ou les identités quelles qu’elles soient qui nous définissent, nous rassemblent ou nous séparent mais Jésus-Christ lui-même qui est :

Ressource des petits,

Lumière des Gentils,

Et d’Israel la gloire.

En France la tradition veut qu’on mange des crêpes pour la Chandeleur. J’ai trouvé non loin de l’église une crêperie bretonne où j’ai déjeuné ce midi. Sur la photo une galette de blé soir complète.